Calendrier

Septembre 2024
L M M J V S D
            1
2 3 4 5 6 7 8
9 10 11 12 13 14 15
16 17 18 19 20 21 22
23 24 25 26 27 28 29
30            
<< < > >>

Recherche

Horloge

Hier à la Cinémathèque

Jeudi 24 août 4 24 /08 /Août 14:34





































Et oui vous l'aurez sans doute compris, la Cinémathèque vient de rouvrir avec son cortège de bonnes surprises. J'y suis allé voir La croisée des destins hier, qui se nomme en anglais Bhowani Junction, encore un de ces bonheurs de la traduction française des années après-guerre, la seconde bien sur.

Peu de choses à dire, un film excellent sur le fond faute de forme, avec malheureusement un deus ex machina qui résoud les choses un peu trop facilement, alors que la tension palpable de la guerre d'indépendance en Inde (le film se passe au Pakistan en 1947) et de la crise d'identité des chee-chee (métis entre indiens et anglais, rejetés des deux camps) pouvait donner naissance à une histoire magnifique.

A part cette déception amère de fin de film, la projection est exceptionnelle. Pourquoi ? Parce que Cukor, réalisateur dont on a retenu surtout les comédies douces-améres sur le couple amoureux, a tourné des plans en dehors des studios, et ce à l'âge d'or des décors en carton-pâte. Dès le premier plan, la tonalité est donnée, avec un générique qui s'affiche sur des scènes de la vie quotidienne dans une ville grouillante d'Indiens habillés à la mode pakistanaise.

Mélangeant avec brio la grande et la petite Histoire, le film trace une leçon forte sur la conquêt de son identité contre les autres. Les métis, qui n'appartiennnent plus au sang de l'une ou l'autre communauté, sont les seuls à pouvoir, comme le fait avec brio l'admirable Ava Garner, prendre conscience dans les soubresauts indépendantistes, communistes et racistes, que l'identité ne dépend pas d'une race mais de son existence.

Alors bien sur les maladresses hollywoodiennes sont de mise : ava garner est plus blanche qu'un petit suisse tout en étant métisse, les soldats indiens du 13 régiment sont des abrutis dévoués à leur chef, le flegme anglais brille de son absence, les gentils savent déjà que le retrait de l'Inde est la meilleure chose. Mais bon... formidable chronique presque tournée en direct, c'est la passion de la terre qui fait l'être : si ce message est réactionnaire, c'est le seul qui sauve la métisse de la schizonphrénie, c'est le même qui sauve Vivien Leigh pensant à Tara dans Autant en emporte le vent.

Au dela des appartenances et des classes sociales, l'appartenance se décline par le lieu, le territoire. Les questions de Cukor sont celles d'une conscience morale ; son film est d'une esthétique étrange, en avance sur son temps, et offre une leçon d'histoire et de d'éthique au milieu des saris et des chamins de fer de Bhowani Junction.

Par Thomas-senseï - Publié dans : Hier à la Cinémathèque
Ecrire un commentaire - Voir les 0 commentaires
Mardi 18 juillet 2 18 /07 /Juil 09:59
Je suis donc retourné à la Cinémathèque hier après cette première expérience. J'avais choisi un film dont je ne connaissais absolument rien. "La comtesse aux pieds nus" de Mankiewicz. Seul le nom de ce réalisateur m'avait mis la puce à l'oreille, mais à peine en me disant "ça doit être des années 1950". Je m'attendais à revoir une version short de sissi l'impératrice en somme.

          Il s'agit d'une version moderne de Cendrillon transposée dans le milieu cruel d'Hollywood où bien évidemment il ne peut survivre. Mankiewicz livre un film d'une beauté extraordinaire, servie par deux acteurs incroyables, humphrey bogart et ava garner, l'un jouant le rôle torturé du moi du réalisateur, l'autre la beauté féminine à la recherche inlassable de son prince.















             C'est véritablement une leçon de cinéma à laquelle Mankiewicz convoque les spectateurs, qui préfigue sans les égaler toutefois les chef-d'oeuvres tels que Rocco et ses frères ou La dolce vita. En effet, au delà du voile de la comédie amère, on relève toutes la description détaillée de cette upper society qui fait et défait une industrie avec laquelle ses seuls liens sont ceux du petit rectangle vert. Pas de happy ending, mais le tragique de la fin n'est pas grandiose ou baroque. En ce sens, c'est un film en avance sur son époque.
             Le double du réalisateur ne peut que constater malgrè ses efforts pour protéger Maria ("i just met a girl named mariaaa..." hem non c'est pas ça) la machine à broyer hollywoodienne puis, dans cette autre partie de la société des nantis, l'inévitable déclin d'une aristocratie dont la noblesse est éteinte depuis la Première Guerre mondiale, et qui déjà, inévitablement, sait qu'elle fait partie d'un autre monde, et que ce monde n'a plus sa place. "L'époque est au changement", ou "Che sara, sara" pourrait être la morale dans la bouche d'une des personnages secondaires à quelques minutes de la fin de ce film.

Ma phrase préférée ?
"There is comte and comte as there is king and king... he's a king among the comtes as i am a clown among the kings"

Ma réplique préférée ?

 - I think that a movie director is way more important than his producer.
 - If you get to Hollywood, be aware to never say that in public. You don't know who's listening.

@+ dans un monde plus dur, moins raffiné et plus vivant, le notre.
Par Thomas-senseï - Publié dans : Hier à la Cinémathèque
Ecrire un commentaire - Voir les 1 commentaires
Lundi 17 juillet 1 17 /07 /Juil 14:22
            Je me suis abonné à la Cinémathèque française (la nouvelle, rue de Bercy) histoire de faire intello pété de thunes auprès de ceux et celles qui ne me connaissent pas. Le premier film que je suis allé voir, c'était hier, c'était Soleil Vert (Soylent Green) en VO bien sur, du touche-à-tout Richard Fleischer. N'étant absolufactement pas au courant de l'incommensurable horreur de ce flim, je suis allé le voir le ventre vide. Ca s'appelle tenter le diable.






















          Le film a vieilli, certains détails peuvent donc faire effectivement sourire. Mais après les circuits de la vache folle, dont on a démontré qu'elles étaient nourries de farine animale contaminée, on ne peut pas voir ce film qui traite d'une humanité surpeuplée et se nourrissant de ses centres d'euthanasie comme une allégorie de ce qui se produit d'ores et déjà pour les usines à bestiaux, poulets, cochons et consorts.
          Alors bien sur, on peut objecter un nombre incalculable de données et de remarques à cette prédiction catastrophique (la stabilisation de la transition démographique autour de 11 milliards grand max en 2050, le développement des énergies propres...). Charlton Heston au bout de deux heures commence à en faire un peu trop, et à s'avérer aussi piètre tireur en fiction qu'en réel.
          Mais l'essentiel, le message de fond de ce film impressionnant, c'est le nouveau rapport à l'homme que les années 1970 et l'entrée dans cette crise économique larvée et généralisée ont suscité au sein des sociétés développées : l'idée que la vie de l'homme peut ne pas avoir de valeur, qu'un homme peut être entièrement une charge pour un système de société. C'est un rapport mécanique qui repose sur le mépris constant du travail, puisque la machine nous en débarrasse et que les pauvre travailleurs ne sont plus que des émeutiers, voleurs et assassins en puissance sinon en actes.
          Mais je m'emporte, je m'emporte... Il est tout simplement difficile de porter un avis sur un tel film, car il est d'un point de vue historique l'exacte reflet des peurs des sociétés industrialisées des années 1970. Certaines de ces peurs ont disparues, comme celle de la surpopulation, d'autres restent en suspens comme l'effet de serre ou surtout l'alimentation industrielle. A noter que le débat sur la légalisation de l'euthanasie trouve là un écho surprenant : finalement, si il est considéré aujourd'hui que l'euthanasie est une solution plus humaine pour certains, c'est bel et bien un changement des notions de valeur autour de la vie humaine qui se produisent dans notre société, bien que cela ne soit pas celui aussi cynique que dans ce film.
          Enfin, à noter pour les cinéphiles, c'était le dernier film d'Emerson (le vieux à droite), atteint d'un cancer en phase terminale, ce qui rend la scène de sa mort terriblement réaliste, Heston étant un des seuls alors vraiment au courant et pleurant de vraies larmes. Quel effet cela doit faire, pour sa dernière ligne de son dernier film, jouer avec deux semaines d'avance le spectacle de sa propre mort...
         
Par Thomas-senseï - Publié dans : Hier à la Cinémathèque
Ecrire un commentaire - Voir les 0 commentaires
Créer un blog sexy sur Erog la plateforme des blogs sexe - Contact - C.G.U. - Signaler un abus