Glandouille

            Je me suis abonné à la Cinémathèque française (la nouvelle, rue de Bercy) histoire de faire intello pété de thunes auprès de ceux et celles qui ne me connaissent pas. Le premier film que je suis allé voir, c'était hier, c'était Soleil Vert (Soylent Green) en VO bien sur, du touche-à-tout Richard Fleischer. N'étant absolufactement pas au courant de l'incommensurable horreur de ce flim, je suis allé le voir le ventre vide. Ca s'appelle tenter le diable.






















          Le film a vieilli, certains détails peuvent donc faire effectivement sourire. Mais après les circuits de la vache folle, dont on a démontré qu'elles étaient nourries de farine animale contaminée, on ne peut pas voir ce film qui traite d'une humanité surpeuplée et se nourrissant de ses centres d'euthanasie comme une allégorie de ce qui se produit d'ores et déjà pour les usines à bestiaux, poulets, cochons et consorts.
          Alors bien sur, on peut objecter un nombre incalculable de données et de remarques à cette prédiction catastrophique (la stabilisation de la transition démographique autour de 11 milliards grand max en 2050, le développement des énergies propres...). Charlton Heston au bout de deux heures commence à en faire un peu trop, et à s'avérer aussi piètre tireur en fiction qu'en réel.
          Mais l'essentiel, le message de fond de ce film impressionnant, c'est le nouveau rapport à l'homme que les années 1970 et l'entrée dans cette crise économique larvée et généralisée ont suscité au sein des sociétés développées : l'idée que la vie de l'homme peut ne pas avoir de valeur, qu'un homme peut être entièrement une charge pour un système de société. C'est un rapport mécanique qui repose sur le mépris constant du travail, puisque la machine nous en débarrasse et que les pauvre travailleurs ne sont plus que des émeutiers, voleurs et assassins en puissance sinon en actes.
          Mais je m'emporte, je m'emporte... Il est tout simplement difficile de porter un avis sur un tel film, car il est d'un point de vue historique l'exacte reflet des peurs des sociétés industrialisées des années 1970. Certaines de ces peurs ont disparues, comme celle de la surpopulation, d'autres restent en suspens comme l'effet de serre ou surtout l'alimentation industrielle. A noter que le débat sur la légalisation de l'euthanasie trouve là un écho surprenant : finalement, si il est considéré aujourd'hui que l'euthanasie est une solution plus humaine pour certains, c'est bel et bien un changement des notions de valeur autour de la vie humaine qui se produisent dans notre société, bien que cela ne soit pas celui aussi cynique que dans ce film.
          Enfin, à noter pour les cinéphiles, c'était le dernier film d'Emerson (le vieux à droite), atteint d'un cancer en phase terminale, ce qui rend la scène de sa mort terriblement réaliste, Heston étant un des seuls alors vraiment au courant et pleurant de vraies larmes. Quel effet cela doit faire, pour sa dernière ligne de son dernier film, jouer avec deux semaines d'avance le spectacle de sa propre mort...
         
Lun 17 jui 2006 Aucun commentaire