Glandouille

Je reprend le clavier après une auto-censure d'un mois.
Pour beaucoup de bloggers, un mois sans poster c'est l'annonce d'une mise à mort. Peut-être aimerais-je ne pas être un bloggeur comme les autres.
Les grandes phrases ont toujours été mon truc, j'aime beaucoup l'emphase, la prose, la loghorrée. Avec encore un peut-être, mais parler empêche souvent de réfléchir sur soi, et réfléchir sur moi ne m'a jamais vraiment aidé. Je suis sorti il y a peu d'une grande phase de pétage de plombs.

Je reviens vers ce petit chose avec un sourire en coin, comme le jour où le naufragé sur une île déserte, ayant domestiqué son île et trouvé de la compagnie, retrouverait sur le bord de la plage la bouteille d'appel au secours qu'il avait largué il y a deux mois. beaucoup de projets avortés en quelque sorte, peu d'accompli. J'aime toujours autant parler de cul, mais je suppose que je préfère parler de ça avec des gens que je connais, ou du moins que je vois, pour lire cet éclair de joie maligne dans leurs yeux. J'aime bien lire dans les yeux. Tout en parlant bien sûr.

Je ne suis pas du genre silencieux, même si je suis (relativement) discret. Je suis dans ma chambre et je regarde les murs, et les murs me renvoient une image de moi, avec ces choses que j'y colle et que j'y décolle, les traces de scotch comme autant de vieilles cicatrices. je ne suis pas vieux pourtant. Lorsque j'analyse mon écriture, je ne constate que des tournures négatives et pessimistes. Ca m'emmerde car c'est plus la haute dose de cynisme que je renferme plus que ma véritable nature qui s'y exprime. Aurais-je été un bon Voltaire ?

J'ai retrouvé quelques lignes de ce brave vieux dans son traité sur l'intolérance. Aussi haïssable que soient devenus les termes de taxidermiste télévisuel que sont la tolérance et l'intolérance dans les bouches des penseurs modernes, cet homme-là a su extirper de mes songes le concept de tolérance, tel qu'il devrait être sans le happy ending américain en plaqué or massif. Un homme qui prend la défense de ses convictions dans l'acte le plus gratuit qu'il soit, voilà ce qui est respectable, à mi-chemin entre l'acceptation de Socrate et les désirs de Gide. Et dire qu'on l'enterra en face de son imblairable Rousseau.

Il y a plus de blogs en France que dans le reste du monde. Les théories n'ont eu de cesse de pérorer sur cette nouvelle victoire à la française dans les nouvelles pratiques des nouvelles technologies du futur de l'avenir qui déchire sa race tellement que c'est bien d'être en avance sur ces ricains qui puent le chewing-gum au pétrole. Retrouver le café de commerce (théorie populiste), exposer son intimité (théorie gauchiste)...

L'image que l'on donne de soi dans un blog est une savante construction de révélations et de dénigrement de la réalité. Toujours, toujours, toujours, à la recherche d'un public. Aussi, public de 20 à 25 personnes qui consulte de temps à autre ces pages, juste un mot (mot) : je vais continuer, à un rythme acadabrantesque, pour la seule raison que je suis bavard.
Sam 23 sep 2006 Aucun commentaire